Rappel du fonctionnement des thermes romains:

Les thermes romains (en latin thermæ, du grec thermos, «chaud») sont des bains publics dans lesquels les Romains se lavaient dans de bonnes conditions d'hygiène, ils ne connaissaient pas le savon mais employaient l'écume de salpêtre, la cendre de hêtre (sapo) et de l'huile, puis ils se raclaient la peau avec un strigile pour la débarrasser de cet enduit entraînant ainsi les impuretés de l'épiderme. Ce traitement très abrasif était ensuite compensé par des onctions avec des pommades parfumées à base notamment de laine (lanoline ) et d'huiles. On utilise aussi l'alun, minéral naturel comme déodorant.

C'était aussi l'occasion de  pratiquer des activités sportives, ils se baignaient, se relaxaient, se faisaient couper les cheveux ou tout simplement bavardaient entre amis. On y jouait aussi aux dés, on lisait dans les bibliothèques,  on y traitait ses affaires, on se restaurait.

Les thermes n'étaient pas mixtes. Les hommes se rendaient aux thermes avant le repas principal (cena), tandis que les femmes y allaient le matin. Ce sont  des lieux de grande mixité sociale, devenus une caractéristique de la culture romaine. «Orandum est, ut sit mens sana in corpore sano » Juvenal satire 10. Chiffre édifiant : la consommation quotidienne d'eau par habitant s'élevait environ à 1 000 litres dans la Rome antique... contre environ 137 litres en France de nos jours (source Ifen 2002 institut français de l'environnement ). On peut y entrer gratuitement ou pour la valeur de quelques centimes d'euros (un quadrans). On ne peut pas dire que le tenancier et le personnel jouissaient d'une excellente réputation ...

Sénèque (-4 av JC / 65 après JC) retranscrit l'ambiance qui régnait dans les thermes dans une de ses lettres à Lucilius (IV, 56) "Me voici au milieu d'un vrai charivari. Je suis logé à coté d'un établissement de bains ; et maintenant représente toi tout ce que peut la voix humaine pour exaspérer les oreilles ; quand les champions du gymnase s'entraîne en remuant leurs haltères de plomb, quand ils peinent ou font comme si ils peinaient, je les entends geindre ... Si je suis tombé sur quelque baigneur passif qui ne veut rien de plus que le massage du pauvre, j'entends le bruit de la main claquant sur les épaules avec un son indifférent, selon qu'elle arrive à creux ou à plat . Mais qu'un joueur de balle survienne et se mette à compter les points, c'est le coup de grâce ! N'oublie pas le chercheur de querelles, le filou pris sur le fait, l'homme qui trouve que dans le bain il a une jolie voix. N'oublie pas la piscine et l'énorme bruit d'eau remuée à chaque plongeon. Outre ces gens qui à défaut d'autre chose, ont des intonations naturelles, figure toi l'épileur qui reprend sans cesse un glapissement en fausset, afin de signaler sa présence, et ne se taisant que pour écorcher les aisselles et faire crier un autre à sa place. Puis c'est le marchand de boisson avec ses appels sur diverses notes, le marchand de saucisses, le confiseur et tous ces garçons de taverne qui ont chacun pour crier leur marchandise une modulation caractéristique."  Et Horace de son côté déclarait  : "...Il  y en a qui déclament leurs vers (…) aux bains, lieu renfermé qui fait résonner la voix" (satire I)

D'abord froids et obscurs, ces établissements vont devenir spacieux et confortables à partir du premier siècle: l'emploi d'hypocaustes, de tuiles à mamelons «mammatae tegulae», de tuyaux en terre cuite «tubuli», de verre (vitrum) vont rendre ces établissements spacieux et confortables. Dans une lettre (Lettres, LXXXVI, 4 à 13), Sénèque oppose ces deux états :

"J'ai vu (...) le cabinet de bains étroit, ténébreux, selon la coutume du vieux temps. Il fallait l'obscurité à nos ancêtres pour qu'ils se sentissent bien au chaud ... à présent qui souffrirait de se baigner dans de semblables conditions... Dans ce bain de Scipion il y a, au lieu de fenêtre, des meurtrières taillées en plein mur... Aujourd'hui on appelle trou à mites les bains qui ne sont pas agencés de façon à recevoir par d'immenses fenêtres le soleil toute la journée ."

Le sol recouvert de mosaïques est chauffé par un système de chauffage par le sol et de réservoirs, l'hypocauste, alimenté par un foyer attenant, le praefurnium. Les fumées du foyer sont évacuées par des conduites (tubuli) situées dans l'épaisseur des murs qui sont chauffés par la même occasion. Les ouvertures pratiquées sur les façades donnant vers le sud sont laissées libres et sont équipées d'un système de volets amovibles qui s'ouvrent plus ou moins afin de contrôler plus efficacement la température intérieure. L'approvisionnement en eau est effectuée grâce aux aqueducs.

On retrouve dans tous les édifices une disposition-type :

Les baigneurs suivent un double  parcours d'échauffement progressif puis de refroidissement.

Le système de l'hypocauste