En savoir plus sur les théâtres romains

 Les théâtres en pierre ne datent que de Pompée (vers 50 av-JC): à l’origine, le théâtre romain était en bois, sa scène était provisoire et facilement démontable « …car avant lui (Pompée)  la scène et les gradins, érigés pour le besoin présent, ne duraient pas plus que les jeux et même, si l'on remontait plus haut, le peuple y assistait debout ; assis, on eût craint qu'il ne consumât des journées entières dans l'oisiveté du théâtre. »  Tacite, Annales, XIV, 20.

 Le théâtre avait mauvaise réputation. « On fit plusieurs règlements pour borner le salaire des pantomimes et réprimer la licence de leurs partisans : les plus remarquables défendaient aux sénateurs d'entrer dans les maisons des pantomimes, aux chevaliers de leur faire cortège en public…» Tacite, Annales, 7. Il avait même fallu à Pompée un artifice pieux pour le justifier, celui d'y adjoindre un lieu de culte. « Le théâtre, à proprement parler, est le sanctuaire de Vénus…Le théâtre consacré à Vénus l'est également à Bacchus : ces deux démons de l'ivresse et de la débauche se tiennent par la main et marchent de front…  Voilà pourquoi Pompée le Grand, dont la grandeur ne le cédait qu'à celle de son théâtre, après avoir bâti cette vaste citadelle de toutes les infamies, craignant pour sa mémoire la vindicte de la censure, convertit l'édifice en sanctuaire, puis convoqua par un édit tous les citoyens à la dédicace de ce qu'il appelait, non plus un théâtre, mais le temple de Vénus. Nous y avons ajouté, dit-il, quelques degrés pour les spectacles. Par là il couvrit du titre de temple un édifice condamné et condamnable, en même temps qu'il se joua des lois sous un vain prétexte de religion. » Tertullien, Contre les spectacles,X.

Le mot théâtre nous vient du grec ancien θέατρον, théatron, racine θεάομαι  théaomai je regarde avec attention

Pendant longtemps, les Romains ne construisirent pas de bâtiment spécifique pour accueillir les représentations théâtrales.

Ils furent même longtemps interdits : le premier théâtre en pierre à Rome ne fut bâti qu'en 55 av. J.-C. par Pompée. On pensait que le théâtre encourageait la paresse et les mauvaises mœurs, il était susceptible d'encourager la sédition politique …Être acteur était interdit à un citoyen romain, pour un notable les fréquenter c'était se compromettre ...Les femmes pouvaient monter sur scène mais au prix de l'infamie .Pourtant les rétributions y étaient royales ! Ce dédain profond théorisé par Tertullien dura jusqu'à l'époque moderne .

 On comprend mieux ce qu'a pu être un théâtre en observant le théâtre d'Orange et son mur de scène ou bien en regardant cette photo  de Sabratha en Lybie. 

  

Livre à consulter: Le théâtre romain et ses spectacles, Jean-Claude Golvin avec la collaboration de Catherine Salles,  2013 éditions Archéologie Nouvelle, collection Archéologie Vivante.
 
Les spectateurs sortis des  accès intérieurs (vomitoria ) accèdent aux gradins semi-circulaires (maeniana)  desservis  par des couloirs d'étage  horizontaux (praecinctiones), des escaliers (scalae) qui descendent jusqu'en bas et divisent les groupes de sièges en coins ( cunei ). Chaque catégorie sociale a ainsi son accès. Le peuple est en haut,  les esclaves et les étrangers sont debout sous le portique derrière les gradins. Tout en bas, au premier rang,  l'orchestra  réservée aux notables en toge.  Devant eux, un muret ( pulpitum ) qui  sépare la scène ( proscenium). Au fond, un mur élevé (frons scenae ), décoré, percé de trois portes , qui rabat le son vers les spectateurs  . Un rideau de scène, le siparium (rideau de comédie ou d'arrière-scène) ou auleum (rideau de tragédie ou d'avant-scène) peut sortir de la fosse (l’hyposcenium)  mu par des cordes et contre-poids).
On utilise toute une machinerie  pour faire descendre les dieux du ciel, faire tomber la foudre et des décors  créent un cadre réaliste, palais, maison, balcons, cavernes, paysages. La richesse de  ce mur de scène doit vanter les mérites du  donateur à l'initiative du spectacle. 
Les Romains inventent toutes sortes d’instruments utiles liés aux croyances (grues, pour faire descendre des dieux par exemple), ils créent aussi des trucages ou des décors à double face dont le public romain raffole. Les romains connaissaient la perspective et l'illusion optique : «  Agatharchus, ayant été instruit par Eschyle, à Athènes, de la manière de faire les décorations de théâtres pour les tragédies, il fit le premier un livre sur l’art de les peindre ; il apprit ensuite ce qu’il en savait à Démocrite et à Anaxagore, qui ont écrit aussi sur ce sujet et principalement sur l’artifice au moyen duquel on pouvait, en plaçant un point sur un certain lieu, imiter si bien la disposition naturelle des lignes qui sortent des yeux en s’élargissant, que, bien que cette disposition des lignes soit une chose qui nous est inconnue, on parvenait à faire illusion et à représenter fort bien les édifices dans les perspectives que l’on peignait sur la scène, où ce qui est peint seulement sur une surface plate paraît être rapproché en de certains endroits et être plus éloigné dans d’autres. » Vitruve De achitectura VII praef  11
Derrière ce mur, les machineries et les loges des acteurs (postscenia). Latéralement, de chaque côté de la scène parfois, deux édifices  (aditus maximus ) qui servent de loges d'honneur.
On peut protéger les spectateurs par un voile (velum ) mu par des gréements  comme sur un bateau.
On trouve aussi des odéons,  théâtres plus petits, réservés aux spectacles lyriques, lecture de textes poétiques avec accompagnement musical.
On joue des farces, des pantomimes, des pièces de théâtre (fabula ) comiques ou tragiques. Plaute, Térence, Sénèque pour le tragique sont les auteurs les plus connus.
Voir le site
https://www.unicaen.fr/cireve/rome/pdr_even.php?fichier=roma_illustrata_expos_reconstitution_rome_antique1
 Dans Histoire Dessinée  du Théâtre  (chez Nizet ), page 74, Olivier Degaine explique «  c'est un lieu de spectacle....Dans les bourgades, il tient lieu à la fois d'amphithéâtre et de théâtre ….on y donnait des combats....entrecoupés d'attractions , adresse, danse, strip-tease …